Cette série d'interviews croisés est présentée en cinq parties :
- Présentation des interviewés ;
- Migrer vers les standards ;
- Utiliser les standards ;
- Communiquer sur les standards ;
- L'avenir des standards (le présent article).
L'avenir des standards
- OpenWeb — Quelles sont les principales limites (si elles existent) que peuvent représenter les standards dans les prestations que vous réalisez et suivez chez vos clients (fonctionnelles, techniques, organisationnelles, etc) ainsi que celles que vous ressentez en interne.
-
L. Gloaguen, Cosmic Communication — Outre le fait déjà évoqué que c'est plus exigeant techniquement, la vraie limite, ce sont les navigateurs dépassés qui nous rajoutent une couche de travail avec des "hacks", des feuilles de styles alternatives, des tests à n'en plus finir, etc. Fort heureusement, la situation change vite en ce moment, le parc évolue, surtout dans le grand public. Il est toutefois regrettable de voir de grands groupes français où Netscape 4 règne encore en maître par feignantise de Directions des Systèmes Informatiques datant du Jurassique. Conclusion, c'est souvent plus facile de faire en "B to C" qu'en "B to B". Il ne reste qu'à compter sur le temps, et les indicateurs sont aujourd'hui assez optimistes, surtout quand on regarde l'engouement pour un Firefox et que l'on veuille bien croire les promesses de Microsoft.
Ce qui nous manque aussi en production, c'est un éditeur performant et respectueux des standards. Il ne faut pas se cacher qu'aujourd'hui, l'essentiel de notre travail se passe dans un éditeur de texte et que toutes nos CSS sont entièrement faites à la main... Il y aurait moyen de simplifier le travail à ce niveau et d'améliorer l'efficacité.
-
R. Ode, B&DI Eolas — Il n'y a aucune limite créée par les standards dans les prestations que nous proposons. En revanche, il est très important que l'adoption des standards s'accompagne d'une conduite de changement adaptée. Cela a été réalisé en interne à B&DI Eolas durant toute l'année 2004, nous proposons à tous nos clients de bénéficier de cette expérience.
-
D. Molina, N. Levieil, P. Prieto et A. Brin, SQLI — Dans le cas ou l'on reprend un site déjà existant, c'est parfois assez compliqué. Pour faire un site conforme aux standards/accessible, il faut repartir de zéro.
- OpenWeb — Comment envisagez vous - à ce jour - l'évolution de l'implémentation des Standards par les différents acteurs du Web : éditeurs (outil d'édition, navigateur, CMS, etc), intégrateur, etc... et sur quelles thématiques (accessibilité, CSS, XHTML, etc....) ?
-
Ph. Lecocq, Business interactif — Depuis, un an, on constate une amélioration générale du web en matière de standard et d'accessibilité. De plus en plus de sites respectant les standards sortent chaque jour. Coté outils, les CMS se sont nettement améliorés, les navigateurs conformes gagnent chaque mois de nouvelle part de marché (Firefox représente aujourd'hui 10% de pdm en Europe), et les éditeurs html gèrent mieux les standards et ont maintenant des outils de validation incorporés.
Mais si on avance tous dans le même sens, on n'avance pas tous à la même vitesse ; en France, le cadre légal tarde à se mettre en place alors que les anglo-saxons ont déjà légiféré en faveur du respect des WCAG (Directives d'Accessibilité des Contenus Web). Pendant que le W3C, travaille sur les prochaines recommandations CSS3, les navigateurs actuels ne nous permettent toujours pas d'utiliser pleinement les fonctionnalités avancées du CSS2 et les premiers écho de IE7 ne nous incitent pas à l'optimisme...
-
L. Gloaguen, Cosmic Communication — J'ai le sentiment que tout va dans le bon sens, même Microsoft y va de ses déclarations de bonnes intentions, c'est dire... Un nouveau CMS qui essaierait de s'installer sans aucune considération des standards, c'est aujourd'hui inimaginable par exemple. Et implémenter les standards, ce n'est qu'un début, la façon de le faire est tout aussi importante.
L'avenir, c'est la facilité, les outils qui mettront les standards à la portée de tous, ceux qui permettront à M. Jourdain de les pratiquer sans le savoir.
-
R. Ode, B&DI Eolas — Premièrement, nous sommes dans l'obligation de constater qu'il n'existe pas (et n'existera sûrement jamais) d'implémentation complètement conforme à une seule des spécifications en question. Cela ne nous empêche cependant pas d'avancer et heureusement :-). Deuxièmement, l'intégration exhaustive de l'ensemble des recommandations publiées semble rester un doux rêve impossible (voir contre productif). Mais là aussi, cela ne nous nous empêche pas d'avancer dans le bon sens. Cependant, le contexte actuel nous permet de faire quelque pronostics sur les enfants riches et les enfants pauvres des standards auprès des professionnels de la création web. Les CSS ont le vent en poupe. Le couple DOM/EcmaScript renait de ses cendres après la triste période du DHTML à tout crin. L'accessibilité est une problématique de plus en plus prise en compte. Mais dans le même temps les langages de structure (XHTML, RDF, etc.) ont du mal à décoller et les protocoles de transport restent sous-exploités (HTTP, spécifiques web-services) par exemple. Sans compter les besoins nouveau à propos des interfaces riches qui ne sont pas encore normalisés.
-
D. Molina, N. Levieil, P. Prieto et A. Brin, SQLI — L'outil principal, primordial car il concerne les utilisateurs, c'est le navigateur. L'hégémonie d'Internet Explorer est un vrai frein à la propagation des standards, mais les autres navigateurs progressent constamment, ce qui est bon signe et amènent Microsoft à faire de même.
Ensuite la plupart des outils de gestion de contenu n'ont malheureusement pas encore suivi cette tendance. Ce sont des outils qui génèrent du code html de mise en page sans forcément respecter les standards et/ou l'accessibilité. On remarque que les outils open-source, de part leur nature, sont plus réactifs de ce coté là.
Enfin certaines normes établies par le W3C, parfois depuis plusieurs années, ne trouvent aucune application concrète et demeurent encore sous-utilisées voire complètement inutilisées pour le moment, nous pensons entre autre aux feuilles de styles audio, aux feuilles de styles alternatives, au format SVG... Globalement, dans un avenir proche, il faudra que toutes ces normes trouvent une application concrète.
- OpenWeb — Que faudrait-il améliorer dans le domaine des standards ? (formations, spécifications traduites, obligation légale, plus de tutoriels, améliorer les spécifications, les navigateurs ?)
-
Ph. Lecocq, Business interactif — Il nous manque encore une uniformisation globale, aussi bien de la législation internationale que des outils. Pour le moment, chacun fait ce qu'il veut de son côté, aux autres de s'adapter !
-
L. Gloaguen, Cosmic Communication — A mes yeux, avant tout la formation. C'est indispensable pour la diffusion des standards et des bonnes pratiques. Quant aux obligations légales, je ne suis pas pour. C'est aux standards de s'imposer d'eux-mêmes grâce à leurs bénéfices indéniables. J'ai toujours tendance à préférer la carotte au bâton. OpenWeb fait partie de la botte de carottes.
-
R. Ode, B&DI Eolas — Tous ces sujets devraient être concernés par les standards. Il ne s'agit d'ailleurs pas du domaine des standards qu'il faut améliorer (les standards sont en soit complets même s'ils restent perfectibles, c'est pourquoi ils sont amenés à évoluer), mais plus généralement de tous les domaines de l'Internet (y compris certaines décisions concernant les noms de domaine). On sait maintenant que les navigateurs vont dans ce sens, les efforts de formation et d'audit permettent également de mûrir sur tous ces sujets et notamment la conduite de changement des éditeurs de site qui est cruciale pour une exploitation pérenne d'un site Internet.
-
D. Molina, N. Levieil, P. Prieto et A. Brin, SQLI — Un gros travail de formation des développeurs parait primordial à l'heure actuelle. Les seules sources d'apprentissage actuellement sont soit les spécifications officielles, complexes et qui ne sont sont pas conçus dans ce but, et les divers sites d'aides, forums, tutoriaux, qu'il faut aller chercher soi même sur la toile.
Vos commentaires
Suivre les commentaires : |