Au départ, vous obtiendrez des données brutes par participant. Ces données doivent être consolidées avant d’être analysées. Sachez que le travail à mener mobilise une expertise assez pointue. Si vous avez ces compétences à disposition, il faut vous en servir et si ce n’est pas le cas, il faudra sans doute faire appel à un spécialiste.
Faites l’analyse sans le client afin de garantir une objectivité maximale et d’éviter toute forme d’influence. Le client aura toutefois un rôle important pour aligner les solutions que vous proposerez à son organisation.
Pour analyser les données vous devrez combiner 2 techniques :
- analyse quantitative ;
- analyse exploratoire.
Analyse quantitative
L’analyse quantitative permet d’identifier rapidement les éléments qui posent problèmes et ceux qui peuvent être validés en exploitant uniquement les données chiffrées collectées. Pour être analysées, ces données peuvent être consolidées dans différentes matrices.
Matrice de co-occurrences
La matrice de co-occurrences permet d’identifier les cartes les plus souvent associées entre-elles par les participants et ainsi de constituer des grappes de cartes (un ensemble de cartes qui pourront être rassemblées dans un groupe).
Dès lors que deux contenus sont associés par au moins ¾ des participants, on peut considérer qu’ils peuvent être catégorisés ensemble d’un point de vue utilisateur. Les taux inférieurs nécessitent une analyse plus approfondie afin de vérifier les raisons pour lesquelles l’association n’est pas systématique.
Ci-dessus, la carte “Atelier 5 - 14h00-15h30 le …” a été classée par 96% des utilisateurs avec la carte “Atelier 7 - 14h00 - 15h30. Les cartes doivent donc bien être placées dans la même catégorie.
Matrice de propagation
La matrice de propagation illustre les différents groupes dans lesquels les participants ont placé les cartes. Contrairement au mode de tri de cartes fermé, lors d’un tri de cartes ouvert, la définition des groupes est entièrement libre (les utilisateurs peuvent nommer les groupes comme ils le souhaitent) ce qui rend l’analyse plus complexe car des termes différents peuvent être utilisés pour désigner une même catégorie. Une analyse des catégories et une fusion des termes ayant le même sens doit être faite avant d’analyser la matrice.
Ci-dessus, on peut voir que la carte “Dossiers dans lesquels on …” a été classée par 67% des utilisateurs dans le groupe nommé “Catégories”.
Certaines cartes ont une forte propagation et sont classées de manière égale avec toutes les autres cartes et/ou catégories. C’est à double tranchant : cela veut soit dire que la carte doit être proposée partout de manière contextuelle, soit qu’elle ne se rapproche d’aucune autre.
Dendrogramme
Le dendrogramme propose une vue complémentaire à la matrice de co-occurrences en illustrant la distance entre les cartes. La distance est calculée en fonction de la fréquence d’association de deux cartes ou deux groupes de cartes. Plus la fréquence d’association est élevée, plus les cartes sont considérées comme proche.
Avec les dendrogrammes, il est aisé de faire varier le nombre de groupe souhaité. Par exemple si vous souhaitez constituer sept groupes, il suffit de diviser le dendrogramme en sept sections définies par la distance euclidienne la plus longue à considérer.
Analyse exploratoire
Selon l’objectif souhaité il est possible de réaliser l’analyse exploratoire avant ou après l’analyse quantitative. Par exemple, si vous souhaitez d’abord identifier une tendance, vous pouvez commencer une l’analyse exploratoire sans requérir à des matrices complexes.
L’analyse exploratoire peut compléter ou remplacer l’analyse statistique. Elle permet notamment :
- d’illustrer les tendances ou les logiques de classement ;
- d’identifier les raisons d’une forte dispersion d’une carte (dans ce cas elle complète l’analyse statistique) ;
- d’identifier la compréhension des contenus.
Le card sorting in situ est plus propice à l’analyse exploratoire : on peut revenir sur ce que les gens ont fait et en discuter avec eux. A distance, c’est plus délicat.
Reconception avec ou sans le client ?
Faites la reconception avec le client. Cela vous permettra d’intégrer les besoins organisationnels et marketing dans la reconception.
Proposition de solutions
Une fois l’analyse réalisée, vous aurez un ensemble de données à votre disposition vous permettant d’émettre des hypothèses de structure.
Faites la reconception avec le client. Suite aux séances de tri de cartes vous devrez fournir à votre client une structure d’informations qui devra s’intégrer avec ses contraintes. Par exemple certains termes devront être obligatoirement utilisés parce qu’ils sont déjà employés dans d’autres supports commerciaux. Votre proposition devra allier les résultats issus des séances de tri de cartes et les contraintes de votre client.
Votre état des lieux devra mettre en avant :
- les contenus mal intitulés ;
- les contenus qui ne sont pas à la bonne place et catégories mal intitulées ;
- les besoins d’une nouvelle catégorie (même si ce n’est pas la finalité d’un tri) ;
- les besoins de liens réciproques ;
- les différences de catégorisation selon les profils ciblés.
Lors de la reconception, n’oubliez pas les fondamentaux, qui ne ressortiront pas forcément des résultats du card sorting :
- organisez votre arborescence de manière thématique et non organisationnelle ;
- faites une arborescence d’abord en largeur puis en profondeur ;
- faites une arborescence régulière ;
- limitez la profondeur de l’arborescence.
Utilisez des visuels pour communiquer
Évitez de venir avec des matrices de co-occurence et des dendrogrammes auprès de votre client. Venez avec la cartographie visuelle de l’arborescence que vous proposez.
Conclusion
Il y a tellement de profils utilisateurs, de contextes d’utilisation et de logique d’utilisation différentes que l’on n’est jamais sûr de rien sans impliquer les utilisateurs.
On ne peut définitivement pas se mettre dans la peau de l’utilisateur et faire une arborescence dans son coin.
Vos commentaires
# Vanesa Large Le 9 octobre 2012 à 21:23
Salut,
Hello, bravo pour votre bel article ! J’attend avec impatience la suite. Cordialement,
Vanesa Large
Webmastrice mahjong connect
# url Le 14 juillet 2013 à 11:55
Je ne connaissais absolument pas cet aspect de tri de cartes , à tort et peut parce que je suis néophyte j’ai toujours un peu délaissé aspect quantitatif.
# Gabriel Doutreligne Le 16 juillet 2014 à 15:31
Bonjour,
Merci pour votre article qui rapelle bien que l’on doit faire des analyses qualitative et quantitative sur les résultats d’un tri de cartes.
Vos commentaires
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