Pour débuter, un peu d'histoire…
Depuis les premières heures du Web, les principaux fabricants de navigateurs ont tenté de se créer un public captif en créant des extensions HTML propriétaires, restituée uniquement par leurs produits respectifs. Le Web s'est ainsi divisé en deux camps : MSIE et Netscape. Pour que leurs sites soient accessibles aux deux principaux navigateurs, les développeurs Web ne pouvaient opter que pour des choix aussi insatisfaisants les uns que les autres :
- n'utiliser qu'une syntaxe commune aux deux navigateurs, et se retrouver avec un site très pauvre, se démarquant peu de la concurrence ;
- ne s'adresser qu'à l'un des deux camps et sacrifier ainsi une grande partie de son audience et de sa clientèle potentielle ;
- faire deux versions du même site, au prix d'un travail bien plus important et forcément plus coûteux.
La concurrence entre Netscape et Microsoft a donc mené à une balkanisation du Web, allant complètement à l'encontre de son ambition initiale.
Mais aujourd'hui, les choses ont bien changé. Depuis 1994, un organisme de standardisation, le W3C , met en oeuvre des normes Web. Le WaSP a mené campagne en leur faveur. Les fabricants de navigateurs, à commencer par Microsoft, Netscape et Opera, font à présent preuve d'une volonté commune de respecter ces normes, mettant fin à ces contraintes coûteuses pesant sur les développeurs.
Pour vous aider à saisir les enjeux d'une telle normalisation, nous avons résumé ici les avantages des standards émis par le W3C.
Pour l'avenir du Web !
On considère souvent à juste titre que nous n'en sommes qu'aux premiers balbutiements d'Internet. L'avènement de XML, les Web services, l'apparition de nouveaux terminaux d'Accès au Web (PDA, téléphones mobiles, etc), le Web sémantique sont autant de micro révolutions qui promettent de nouveaux usages. Mais tout cela ne sera rendu possible que si les fondations du Web sont solides. Après un démarrage chaotique, voire anarchique du Web, les normes du W3C autorisent désormais une vision à long terme de son développement.
Pour une interopérabilité et une portabilité certifiée
Il y a deux ans à peine, la presque totalité des utilisateurs d'Internet se servaient d'un ordinateur portable ou de bureau pour naviguer le Web. Nous assistons aujourd'hui à une ouverture sans précédent sur de nouveaux types de terminaux d'accès tels qu'assistants numériques et téléphones mobiles. Attendons-nous à voir un recul de l'ordinateur comme moyen d'accès au Web, au profit de nouvelles technologies plus mobiles ou plus adaptées aux besoins des utilisateurs. Les sites actuels étant encore majoritairement codés à l'ancienne, très peu s'affichent convenablement dans toutes ces plates-formes. Ajoutez à cela une compatibilité future avec les téléphones cellulaires et vous débouchez sur une impasse d'où seule l'application des standards peut vous tirer.
L'interopérabilité et l'accessibilité correspondent avant tout au droit fondamental de l'utilisateur d'utiliser le navigateur Web de son choix ou celui qui correspond le mieux à ses besoins, tout en obtenant une expérience à peu près équivalente sur le Web. En construisant des documents Web selon les standards du W3C , le développeur obtient la garantie que tous les navigateurs conçus selon les normes de l'industrie afficheront de manière équivalente son travail. De plus, la portabilité de technologies issues de ces mêmes standards facilite grandement l'échange de données entre divers environnements.
Pour une accessibilité universelle aux contenus
La presque totalité des sites Web actuels n'est accessible qu'au moyen de navigateurs graphiques traditionnels, empêchant ainsi leur accès par des personnes atteintes d'un handicap physique, moteur ou neurophysiologique. Le HTML des années 90 ne prévoyait pas le support de synthétiseurs vocaux ou de plages Braille. Mais ce n'est plus le cas de nos jours. Les normes du W3C intègrent ces considérations dans les standards et facilitent grandement la création de sites universellement accessibles. Notons que les gouvernements anglais et américains obligent d'ors et déjà leurs administrations à produire des sites Web accessibles, et que la tendance semble s'amorcer dans plusieurs autres pays, tels que la France et le Canada.
Pour la production de contenu Web à moindre coût
Lors de la création de nouveaux sites Web, la séparation du contenu structuré et de sa présentation est une aubaine incroyable. En effet, il est maintenant possible de créer des CSS qui s'appliqueront globalement à un ou plusieurs documents, permettant ainsi de changer radicalement l'apparence entière d'un site en quelques minutes à peine, en modifiant tout simplement la feuille de style qui y est associée. Un tel exploit de flexibilité est impossible pour les sites Web construits à l'ancienne, fusionnant sans vergogne contenu et présentation. De tels sites nécessitent un long et coûteux travail de modification de chaque page pour réaliser ce genre d'opération. Par ailleurs, le recours aux feuilles de style bénéficie également à l'utilisateur, qui peut alors configurer son expérience du site en fonction de ses goûts personnels, de ses besoins, de son handicap ou tout simplement de son matériel.
Pour tirer profit de la technologie XML
XML est le vecteur par lequel le W3C compte réaliser le plein potentiel du Web. Pour parvenir à concevoir des applications capables de tirer avantage des apports du Web sémantique, tout en préservant les aspects d'accessibilité, de portabilité et d'interopérabilité, il est nécessaire d'emprunter la voie de la normalisation et de commencer à coder les documents selon la syntaxe XML. Pour y parvenir, le chemin le plus facile demeure encore de convertir son HTML en XHTML valide. Puisque la syntaxe de XML sera la norme sur laquelle cette seconde génération de Web se construira, tous les documents conformes aux normes de XHTML seront dès lors compatibles avec XML, ce qui garantit leur pérennité.
Pour un contrôle qualité optimisé du travail fourni par les prestataires
Pour s'assurer que des documents Web sont conformes aux standards du W3C , il suffit de leur faire passer un test de validation auprès de l'outil du Consortium prévu à cet effet. Le recours au validateur, en plus d'être très formateur, permet aux développeurs de garantir la cohérence et la qualité de leur code, tout en assurant la stabilité et la simplification de sa maintenance. Étant donné que les standards sont très bien documentés par eux-mêmes, l'application des normes garantit que quiconque sera appelé à prendre la relève sur un projet existant pourra s'y plonger rapidement, plutôt que de perdre un temps précieux à essayer d'en reconstituer les lignes directrices. De plus, le niveau de développement du projet sera plus en accord avec les pratiques courantes du marché, évitant circonvolutions, tours de passe-passe et autres cauchemars issus des principes de conception des années 90…
Pour une réduction considérable du volume des documents
L'utilisation des standards du W3C (particulièrement les normes XHTML et CSS) permet une réduction substantielle du poids des documents Web en éliminant les redondances dans le code et en minimisant le HTML nécessaire à sa structuration. Les tests confirment que le recours aux feuilles de style pour la présentation d'un document Web, de préférence aux éléments HTML dépréciés, réduisait le poids total du document dans un ratio allant de 25% à 50%. Une telle économie est significative, non seulement pour l'utilisateur qui attend moins longtemps pour le téléchargement des pages, mais aussi pour le propriétaire du site en question qui voit les coûts reliés à l'utilisation de la bande passante considérablement réduits.
Pour un référencement plus efficace dans les moteurs de recherche
Au niveau de l'indexation des documents Web, le fait de les avoir codés de manière à les rendre conformes aux standards du W3C leur garantit de meilleurs résultats de classement et de reconnaissance, d'où une visibilité accrue dans les moteurs de recherche. Les documents conformes aux standards sont non seulement indexés plus précisément dans les registres grâce à leur structure informationnelle plus logique, mais sont également plus susceptibles de répondre aux attentes des moteurs de recherche, ce qui en favorise l'accessibilité et l'évaluation au moment des prises en charge de classification. En effet, il est beaucoup plus facile pour un algorithme d'indexation de reconnaître un document répondant aux normes qu'un autre qui ne respecte aucune logique de structure.
Pour la pérennité des documents
Enfin, la pérennité des documents HTML est aujourd'hui mise en cause. On pourrait en rire, si certaines anecdotes ne démontraient que le sujet est bel et bien sérieux. Pensez seulement à toutes ces entreprises qui, à une certaine époque, ont entrepris de normaliser leur bureautique sur l'outil « standard » du moment qui était alors le format (pourtant propriétaire) de WordPerfect. Lors de la disparition de ce format quelques années plus tard, ces mêmes entreprises ont dû effectuer une migration longue et coûteuse vers la nouvelle norme, tout aussi propriétaire qu'est Microsoft Word… Dans un autre ordre d'idées, n'oublions pas que les données acquises par la Nasa sur Mars dans le cadre de l'opération Viking en 1976 sont stockées sur des bandes magnétiques que personne à ce jour n'arrive à relire, faute de matériel compatible. Aussi, afin de recueillir de l'information, les chercheurs en sont réduits aujourd'hui à fouiller les listings papier que leurs prédécesseurs n'avaient miraculeusement pas jetés !
Qui peut s'avancer à prédire qu'on pourra effectivement retrouver dans 10 ou 20 ans une vieille version de MSIE capable d'interpréter les documents construits avec la syntaxe défaillante du vingtième siècle. La pérennité des documents nous assure que, quelque-soit la direction dans laquelle évolueront les technologies dans les prochaines années, les documents seront toujours interprétables par les agents utilisateurs du moment (navigateurs, interpréteurs Web, etc), préservant ainsi de précieuses informations pour les générations à venir.
Pour une rétro compatibilité avec les anciens navigateurs
Tenter de reproduire un site pour qu'il s'affiche de manière identique dans tous les navigateurs demande un travail énorme et pose toujours de sérieux problèmes de conception, principalement parce qu'anciens et nouveaux navigateurs parlent un langage différent. Ceci est particulièrement vrai lorsque l'on tente d'arriver aux mêmes résultats dans Netscape 4 et MSIE 6 par exemple.
En utilisant les standards du Web, et tout particulièrement les normes XHTML pour la structure des documents, CSS pour la présentation et DOM W3C jumelé à ECMAScript pour le DHTML, il est possible de communiquer avec tous les agents utilisateurs en ne parlant qu'un seul langage. On garantit ainsi que tous les navigateurs répondant aux normes de l'industrie pourront afficher correctement le contenu. Bien sûr, la présentation de ce contenu sera plus sobre dans les navigateurs plus anciens, mais il demeurera parfaitement accessible. Se conformer aux standards, c'est également accepter que le Web soit un médium flexible qui, contrairement à l'imprimé, s'adapte aux capacités des agents utilisateurs.
Conclusion
Que ce soit à l'occasion de la refonte d'un site ou de la création d'un nouveau service ou module, le recours aux standards permettra de conjuguer les contraintes de tous types rencontrées lors d'une production. L'utilisation du XHTML et des CSS (doublées au besoin, d'ECMAScript associé au DOM) est l'occasion idéale pour les développeurs Web d'aborder les standards en douceur, en capitalisant leurs connaissances du HTML et en contribuant à élargir leur audience (tous les navigateurs modernes, sur toutes les plates-formes). La perspective de concevoir à moindre coût des projets Web plus performants qui contribuent à consolider les fondations du Web ne vaut-elle pas à elle seule cet effort ? Suivre les standards établis par le W3C est la seule façon de se prévaloir d'un Web plus stable et plus solide, où les applications dont on ne peut encore que rêver aujourd'hui seront converties en autant de réalités de demain.
Vos commentaires
# Adonfff Le 4 février 2011 à 16:51
Que pensez vous de HTML5 ?
# l’artisan Le 14 octobre 2011 à 19:27
Bravo pour l’ensemble de vos explication sur le w3c
de la part d’un artisan du web.
# Kevin Le 17 novembre 2011 à 11:25
Il est possible que je me trompe mais l’obligation d’accessibilité n’a t elle pas été mise en place en France ?
Merci pour la réponse et je m’excuse si je commet une erreur. Serait il également possible, dans le cas ou cette obligation serait applicable aujourd’hui pour la France, de connaitre la date (du moins l’année) à laquelle cette obligation à été mise en place.
Merci et j’adore les éléments présents sur ce site.
# Yann Le 17 novembre 2011 à 21:39 En réponse à : Kevin
En effet, l’obligation de prendre en compte l’accessibilité web sur les services en ligne du secteur public devait être effective au 14/05/2011 (tout du moins pour les services dépendant de l’État ; les collectivités ayant 1 an supplémentaire).
Le retard pris dans la mise en œuvre de cette obligation a fait l’objet d’une lettre ouverte des professionnels du secteur : http://www.article47.fr/
Je te conseille la lecture très instructive de cette lettre qui décrit bien les enjeux.
Concernant la date que tu recherches, elle est indiquée dans le décret d’application datant du 14/05/2009.
# anis Le 27 novembre 2011 à 23:49
Contenu très instructif. Merci et encore Bravo ! très utile pour mon cahier des charges ...super !
# Béchet Guy Le 26 janvier 2013 à 12:04
Deux standards bureautiques incompatibles. Bonjour les dégâts !
"Office Open XML est une norme ISO/IEC (IS 29500) créée par Microsoft, destinée à répondre à la demande d’interopérabilité dans les environnements de bureautique et à concurrencer la solution d’interopérabilité OpenDocument soutenue par tous les autres éditeurs de suites bureautiques, notamment Apache et The Document Foundation ".
# SOME GUY Le 13 juin 2013 à 15:19
Y a t’il un standard sur la taille de police de caractère pour un site web ? La votre est bien trop grosse et immonde...
# JiPaul Le 16 octobre 2014 à 18:41
à Guy Bechet : quel rapport avec le W3C ?
à Guy Some : vous n’avez qu’à ajuster la taille de police de votre navigateur !...
# cybermees Le 27 novembre 2014 à 16:34
@Some Guy
franchement, pourquoi se montrer si désagréable ! ... alors que ça se passe de votre coté
ctrl+moins(-) pour réduire la police ...
j’aime la clarté et la présentation de ce site pour ma part :) si vous voulez voir un site bordélique et pénible, allez sur CommentCaMarche ! alors qu’il était si bien au départ !
merci
# Emline Le 9 janvier 2015 à 18:53
Bonjour à toutes et à tous,
Je vous remercie pour la qualité des renseignements et la manière dont vous les rédigez ; votre site Web s’avère attrayant pour les amateurs des standards.
Vos commentaires
Suivre les commentaires : |