Bis repetita placent

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Abstract

Ou « les choses répétées plaisent » en bon français.

Loin de l’idée du collectif de vous faire un cours de latin, toutefois nous nous devons de tenir notre promesse : Nous serons là en 2013. Un article suscite actuellement un certain émoi à propos de la monoculture Web…

Article

L’auteur de cet article annonce être un défenseur de la monoculture WebKit. Quelques-uns des arguments énoncés :

  • le moteur de rendu WebKit est ouvert,
  • il serait plus bénéfique qu’au lieu de disperser les efforts à maintenir plusieurs moteurs de rendus,
  • la standardisation serait plus rapide sur un unique moteur de rendu.
  • etc.

Disons-le tout net, que ce genre de propos puisse être encore tenu (pire, soutenu par d’autres personnes) nous fait tous bondir au collectif Openweb ! D’où ce titre en latin, comprenez par là : « les mêmes erreurs se reproduisent ».

Les arguments sont fallacieux : dire par exemple que le temps économisé à maintenir Gecko (le moteur de Firefox) serait libéré… à croire que WebKit n’a aucun bug et que les personnes qui travaillent sur Gecko travailleraient de suite sur WebKit ! Dire que Gecko est « vieux, lent et buggé » alors que Firefox vient de lancer dans sa dernière version IonMonkey, un nouveau moteur JavaScript, est un peu cavalier (les supporters de Mozilla apprécieront). Idem pour les outils développeurs, c’est avant tout une question de goût.

Que cela soit clair, ce n’est pas une charge contre WebKit en soi, qui est un moteur de rendu plutôt satisfaisant (ni les navigateurs l’utilisant d’ailleurs). Nous vous invitons plutôt à vous souvenir de ce qu’a été le Web durant une période de monoculture d’Internet Explorer. L’évolution a été très lente et le Web a stagné pendant une dizaine d’années. Une dizaine d’année de stagnation en temps Web, c’est énorme et insupportable.

Pour ne citer qu’une personne, Daniel Glazman l’avait déjà évoqué : les conséquences d’un monopole sont désastreuses, les créateurs de sites vont sauter à pieds joints dans le travers « optimisé pour ». Nous savons déjà où cela mène.

Sans diversité et sans équilibre dans les moteurs de rendu (et par voie de fait dans les navigateurs), comment peut-on espérer voir une saine concurrence, qui à ce jour est encore le meilleur moyen (le seul ?) de voir les navigateurs évoluer dans l’intérêt des internautes ?

Et aussi comment éviter que le Web ne soit dicté que par les intérêts d’un ou deux acteurs (ne nous cachons pas que WebKit est difficilement dissociable des compagnies étant derrière), même si certaines déclarent ne pas vouloir être le diable (don’t be evil) ?

Comme tout écosystème, le Web a besoin de diversité pour s’enrichir, et prétendre qu’un monopole assurera cette richesse, c’est un non-sens que nous ne pouvons laisser passer, et encore moins accepter.

Ajout : ce billet avait été écrit avant que nous n’apprenions qu’Opera abandonne son moteur de rendu Presto. Vous en apprécierez l’ironie.

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À propos de cet article

Vos commentaires

  • Frédéric de Villamil Le 18 février 2013 à 22:07

    Complètement d’accord sur le fond. Sur la forme, en revanche, plutôt que le bis repetita qui non semper placent, même si ma prof de latin de terminale nous soutenait le contraire aurait volontiers laissé sa place à errare humanum est, perseverare diabolicum, (l’erreur est humaine, y persévérer est l’oeuvre du diable).

  • ledahulevogyre Le 21 février 2013 à 13:57

    Je me fais l’avocat du diable :

    > WebKit n’a aucun bug

    Si. Et alors ?
    Ils sont corrigibles ouvertement.
    Et puis si Webkit est le standard, les bugs le seront aussi. Est-ce un problème ?

    > les personnes qui travaillent sur Gecko travailleraient de suite sur WebKit

    Pourquoi pas ?

    Le problème est que la concurrence entre moteur de rendu n’est pas saine.
    Elle est l’ennemie intrinsèque de l’interopérabilité.
    Voyez les déboires des préfixes CSS.
    Voyez les petits moteurs de rendu qui disparaissent (Presto). À cause de la pression des auteurs qui s’en fichent, parce que part de marché trop faible. Et les utilisateurs qui se retournent alors vers les navigateurs pour qu’ils soient plus compatibles...
    Cette concurrence est un cercle vicieux.

  • karl Le 21 février 2013 à 14:34

    « Le problème est que la concurrence entre moteur de rendu n’est pas saine. Elle est l’ennemie intrinsèque de l’interopérabilité. »

    En fait, c’est l’exact opposé. Il y a une confusion ici entre uniformité et interopérabilité. « The Internet works because of interoperability between different computers, despite different hardware, operating systems, local language context, and software supplier. » http://www.w3.org/DesignIssues/Stac...

    L’interopérabilité est que l’ensemble des communications puissent prendre place dans une diversité totale.

    D’autre part WebKit est pour l’instant ni un vrai projet opensource (contrôlé par deux compagnies principalement Apple et Google Reviewers des commits), ni un standard (diversité entre les différents Webkit, voir colspan par exemple).

  • quieteves Le 23 février 2013 à 22:00

    >Si. Et alors ? Ils sont corrigibles ouvertement. Et puis si Webkit est le standard, les bugs le seront aussi. Est-ce un problème ?

    Oui, comme ce bug qu’Opera vient de corriger sur Webkit et qui datait de... 5 années.
    Les développeurs de webkit (ou leurs patrons) ne semblaient déjà pas s’affoler beaucoup. Si maintenant ils sont en situation de monopôle, ça va être joli.

    >Le problème est que la concurrence entre moteur de rendu n’est pas saine. Elle est l’ennemie intrinsèque de l’interopérabilité. Voyez les déboires des préfixes CSS.
    La concurrence n’est pas forcément malsaine quand tout le monde respecte les règles du jeu, c’est-à-dire contrairement à webkit et ses préfixes.

    Le but est que chaque moteur parviennent à intégrer les standards, chacun à son rythme. L’intéropérabilité ce n’est pas exactement "tout le monde parle le même langage, celui du navigateur dominant" mais "tout le monde parle le même langage, celui du W3C."
    La pression est un bonne chose au contraire, car elle force les développeurs à se surpasser. Le monopôle entraîne la fin de l’innovation : pourquoi se fatiguer puisqu’on a déjà toutes les parts de marché ?
    Comparer IE 6, à l’époque où il était en situation de monopôle avec IE 10 !

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